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Artiria Medical : une innovation suisse qui repousse les frontières du traitement des AVC

Lauréate du prix de la meilleure start-up au BioInnovation Day 2025, Artiria Medical incarne le dynamisme de l’écosystème du Campus Biotech. Grâce à sa technologie robotisée d’accès neurovasculaire, la start-up vise à révolutionner la prise en charge des AVC. Son CEO revient sur les avancées cliniques récentes, le rôle clé joué par le Wyss Center et les défis encore à relever pour faire émerger l’innovation biomédicale en Suisse.
Vous venez de recevoir le prix de la meilleure start-up lors du BioInnovation Day 2025 (BIND), organisé au Campus Biotech.
Que représente cette reconnaissance pour vous et pour Artiria Medical, dans le contexte de l’écosystème suisse de l’innovation en santé ?
Ce prix représente une reconnaissance importante de notre travail, qui s’incarne notamment dans l’annonce récente de notre 50ème cas clinique réalisé en Amérique du Nord. C’est aussi un excellent tremplin pour accompagner notre levée de fonds que nous venons tout juste de lancer. Enfin, cette distinction a une valeur particulière pour nous : elle vient d’un écosystème local, en récompense d’une start-up active ici, au Campus Biotech.
Votre technologie repose sur un système d’accès neurovasculaire robotisé, conçu pour assister les chirurgiens dans le traitement des AVC.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi votre dispositif constitue une avancée technologique majeure dans le domaine des neurointerventions ?
Aujourd’hui, la grande majorité des procédures de traitement des AVC repose encore sur des dispositifs anciens, qu’il faut sans cesse retirer du patient et façonner manuellement pour progresser dans les artères.
Notre technologie permet de réaliser toutes ces opérations dynamiquement, en temps réel, à l’intérieur même des artères, grâce à une poignée de contrôle qui pilote directement la pointe du dispositif.
L’objectif est clair : rendre le traitement des AVC à la fois plus rapide et plus simple.
Artiria Medical s’est donnée pour mission de répondre à un besoin critique non satisfait dans la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux.
Quels bénéfices concrets pouvez-vous apporter aux professionnels de santé et aux patients ?
Je peux vous donner un exemple très concret. Lors d’une intervention récente en France (utilisation compassionnelle), notre dispositif s’est révélé absolument déterminant : il a permis de traiter une malformation artério-veineuse complexe. Sans lui, la procédure aurait tout simplement été impossible.
Dans ce type de cas, l’impact clinique est considérable.
En tant qu’entreprise issue de l’EPFL Innovation Park et collaborant avec le Wyss Center, vous évoluez dans un écosystème scientifique de pointe.
Quel rôle le Campus Biotech, et notamment cette collaboration avec le Wyss Center, a-t-il joué dans le développement de votre technologie ?
Le Campus Biotech est un environnement idéal pour Artiria : il concentre des expertises de très haut niveau en neurotechnologie translationnelle et en neurosciences (EPFL, Université de Genève, HUG, Wyss Center…).
Nous y collaborons notamment avec le laboratoire du Prof. Paolo Machi, spécialiste en neuroradiologie interventionnelle aux HUG, avec qui nous avons mené notre première étude sur l’homme. Ce laboratoire est situé à seulement deux étages de nos bureaux – un vrai atout !
Le Wyss Center a joué un rôle moteur dans notre développement. Grâce à un projet commun soutenu par Innosuisse, nous avons pu collaborer sur plusieurs volets – technologique, réglementaire, préclinique in vivo – et ainsi amorcer la translation clinique de notre technologie.
Selon vous, quels leviers doivent être renforcés en Suisse pour faciliter le passage de l’innovation biomédicale, du laboratoire à la pratique clinique ? Et comment des écosystèmes comme le Campus Biotech peuvent-ils y contribuer davantage ?
L’un des points essentiels, c’est de favoriser davantage l’interaction entre cliniciens et ingénieurs – c’est de là que naissent les innovations les plus impactantes. Il est également nécessaire d’investir dans des infrastructures adaptées, en proposant des espaces de travail accessibles aux start-up, avec des conditions de location souples et abordables.
Le financement des start-ups en phase de croissance doit aussi être soutenu. Trop d’entreprises prometteuses, comme Artiria, se retrouvent contraintes de s’expatrier pour lever des montants significatifs (dès CHF 10 millions).
Enfin, il faut simplifier le cadre réglementaire. Le système suisse, combinant lourdeurs administratives locales et complexité des normes européennes, est devenu un véritable frein.
Résultat : de plus en plus d’innovations partent s’implanter aux États-Unis.