Six projets de recherche dirigés par des professeurs de l’EPFL et d’autres universités suisses vont bénéficier du soutien financier de la Fondation Bertarelli dans le cadre du Catalyst Fund. Ces projets visent à développer de nouvelles approches thérapeutiques pour les maladies du système nerveux.

Créé par la Fondation Bertarelli en 2017, le Catalyst Fund a pour but de soutenir les projets de recherche translationnelle visant à mettre au point de nouvelles approches thérapeutiques pour les maladies affectant le cerveau, la moelle épinière, le système nerveux périphérique et les organes sensoriels.

«Le Catalyst Fund est conçu pour encourager la recherche innovante et le développement de traitements vitaux pour les maladies relevant des neurosciences», explique Ernesto Bertarelli. Le troisième appel à propositions étant maintenant terminé, six projets ont été sélectionnés pour un montant total de 1 788 619 CHF. «Je présente mes sincères félicitations aux six nouveaux lauréats du Campus Biotech», déclare le coprésident de la Fondation. «Chacune de ces équipes poursuit des recherches dans des domaines extrêmement importants et à fort impact pour les neurosciences et c'est un grand honneur de pouvoir contribuer à ces travaux. Je tiens à remercier les autres candidats qui, cette fois, n'ont malheureusement pas pu être sélectionnés».

Pierre Magistretti, président du Catalyst Fund, ajoute: «La mission du comité scientifique a été très gratifiante en raison de la qualité excellente des projets proposés, mais en même temps, la sélection des six meilleurs projets retenus a été difficile. Cette initiative offre une occasion unique de tirer parti du potentiel exceptionnel des neurosciences de la région lémanique pour promouvoir la recherche fondamentale et la recherche translationnelle dans ce domaine».

Une édition productive

Cette année, l'appel à propositions fut un succès. «Pour la troisième édition du programme, nous avons reçu plus de quarante propositions: cela va de pair avec la vision que nous avions pour le Catalyst Fund», déclare Ernesto Bertarelli. «Ceci, couplé avec le fait que chaque projet était d’une grande qualité, est une preuve supplémentaire que la recherche scientifique collaborative en Suisse est en pleine forme. Je remercie chaleureusement l’EPFL et le comité scientifique du Catalyst Fund pour leur superbe travail dans le cadre de ce programme».

Grâce à ce soutien, les scientifiques impliqués pourront poursuivre leurs recherches et les diriger rapidement vers des applications cliniques.

A propos des projets

La greffe cellulaire pour réparer le cerveau

Un des défis majeurs des neuroscientifiques est de réparer les dommages causés par des troubles neurologiques sur le système nerveux adulte. Le projet piloté par Jocelyne Bloch (CHUV), Grégoire Courtine (EPFL) et Nicole Déglon (CHUV) vise à mettre au point une thérapie cellulaire basée sur la greffe de cellules cérébrales adultes autologues. Cette technique consiste à récolter des cellules progénitrices du cerveau humain puis à les cultiver pour produire des écosystèmes de cellules neurales autologues (ANCE) et les réimplanter dans le cerveau. L’équipe de Jocelyne Bloch a déjà montré que de telles greffes ont permis une récupération fonctionnelle chez des primates atteints de la maladie de Parkinson ou souffrant de séquelles dues à un accident vasculaire cérébral (AVC). La prochaine étape consiste à mener une étude clinique pilote chez des patients ayant subi un AVC, et de pousser la recherche pour mieux comprendre le profil moléculaire des ANCE avant et après réimplantation.

Mesurer et prévenir les douleurs chroniques

La douleur chronique est un phénomène complexe et difficile à appréhender car il va au-delà des dommages corporels. Afin de mieux l’évaluer, le caractériser et le prédire, Bigna Lenggenhager (Université de Zürich), Olaf Blanke (EPFL) et Tristan Bekinschtein (Université de Cambridge) ont mis au point un nouveau procédé de mesure pouvant se faire entièrement à domicile. A l’aide d’un outil télémédical portable, le patient prend des mesures cérébrales et comportementales, tout en s’autoévaluant. Les douleurs étant largement influencées par des phénomènes d’attention, les scientifiques souhaitent observer comment les fluctuations de l’attention, qu’elles soient spontanées ou induites expérimentalement, modulent les changements des douleurs. Ces mesures fourniront des informations sur les cartes temporelles des douleurs chroniques et sur les signatures cérébrales sous-jacentes. A terme, les résultats obtenus pourront faciliter la prédiction des niveaux de la douleur chronique et ainsi améliorer la gestion et la compréhension de ce phénomène.

Le cerveau humain en détail grâce à une échographie

L’examen échographique du cerveau, communément appelé duplex transcranien à codage couleur (DTCC) ou doppler couleur transcranien (DCT), a un usage limité pour l’imagerie vasculaire du cerveau humain adulte et pour les applications neurologiques. En effet, les ultrasons traversent difficilement les os du crâne adulte, dégradant ainsi la résolution de l’échographie. Pour faire face à ce défi, le groupe de recherche de Fabienne Perren (Université de Genève) propose d’utiliser la neuro-imagerie transcrânienne ultrasonore ultrarapide. En combinant cette technologie à un produit de contraste, il est possible de visualiser les vaisseaux cérébraux. L’expertise de Philippe Ryvlin (Université de Lausanne) et d’Olaf Blanke (EPFL) permettra de procéder à la validation clinique de cette technique sur des patients sains ainsi que sur des patients atteints d’épilepsie et de pathologies cérébrovasculaires.

Ressentir la musique pour mieux l’écouter

Plus de 5 % de la population mondiale souffre de déficiences auditives qui les empêchent de ressentir pleinement la joie d'écouter de la musique. Bien que les appareils auditifs standards puissent leur venir en aide, ils ne couvrent pas tout le spectre auditif. A travers ce projet, Daniel Huber (Université de Genève) et Mario Prsa (Université de Fribourg) examineront de nouvelles façons de transformer le large spectre de fréquences des sons audibles en une gamme de vibrations perceptibles par le système somatosensoriel. Cette recherche ira de pair avec la conception et le développement d'un nouveau type d'appareil portable de stimulation vibrotactile qui améliore la gamme d'informations perçues par les personnes sourdes et malentendantes lors de performances musicales.

Observer Parkinson à l’échelle du cerveau

La maladie de Parkinson s’accompagne de symptômes neuropsychiatriques tels que l’anxiété, le manque de motivation ou les hallucinations. En utilisant l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), Paul Krack (Université de Berne), Vanessa Fleury (HUG), Olaf Blanke et Dimitri Van De Ville (EPFL) veulent examiner des patients au repos afin d’identifier les mécanismes neuronaux sous-jacents de ces symptômes et mieux comprendre les effets des médicaments dopaminergiques sur leur activité cérébrale. Ces recherches ouvriront la voie à de meilleurs diagnostics et à des traitements plus ciblés.

Décrypter la sécheresse oculaire

Le projet de Denise Zysset-Burri et Martin Zinkernagel (Université de Berne) porte sur le syndrome des yeux secs. Liée à une inflammation chronique, cette maladie oculaire atteint près de 34% de la population mondiale. L’objectif de leur recherche est de décrypter les associations du système immunitaire local et du microbiome oculaire et leur rôle dans le développement de la maladie. Les résultats permettront de mieux comprendre les mécanismes pathologiques sous-jacents et, à terme, de proposer une plus large palette de traitements. Le projet pourra également avoir des implications importantes pour la prévention de cette maladie et d’autres maladies à médiation immunitaire, tels que le psoriasis ou la polyarthrite rhumatoïde par exemple.

https://actu.epfl.ch/news/six-projets-laureats-pour-l-edition-2020-du-cata-3/ 

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